samedi 27 juillet 2013

L'enfant qui joue c'est tout.

Mesdames et Messieurs essuyez vous bien les oreilles avant d'entrer dans l'histoire aujourd'hui. Il faut des oreilles fraiches, bien dégagées pour écouter les enfants qui jouent.
C'est tout.
Réglez vos ouïes sur "matin du monde".
L'enfant joue. Non pas l'enfant jouet, l'enfant monstre que les adultes fabriquent avec leurs regrets. Non pas l'enfant retrouvé mort écrasé dans sa chambre sous un tas de jouets, non pas l'enfant-objet, non pas l'enfant scotché-télé, enchaîné à la chaîne, glouton optique tétant les excréments de la société-écran, petit junky au cerveau hamburger, l'enfant lobotomitélé.
Non, l'enfant qui joue, c'est tout.
Non pas le divin enfant sur le divan, mis à plat, disséqué, calibré, classé, scannérisé, répertorié, numéroté, rangé, psyché, lavé, séché. Adaptable, flexibilisable, mondiabilisable. Sinon? Sinon, virable, jetable, minable.

"Les passions humaines n'ont guère plus de valeur que les occupations des tout-petits". Sénéque nous l'avait dit. On peut se dire que les passions des tout-petits ont autant de valeurs que les occupations humaines.

L'enfant joue, se joue, se parle, se dessine, cherche sa place dans la glace, se fait un déguisement pour être reçu au concours de la vie, s'arrête, énigme. Essai un rêve au moment où il se produit.

Daniel Mermet


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